Comment calmer un chiot qui mordille sans crier ni punir
- Benoit Lessard
- 6 oct.
- 4 min de lecture
Le mordillage fait partie du développement normal du chiot. C’est un comportement naturel qu’il faut comprendre avant de vouloir le corriger. Après plus de 20 ans à observer et accompagner des centaines de chiots, voici ce que j’ai constaté.

🦴 Pourquoi le chiot mordille
• Il découvre le monde avec sa bouche. Le chiot explore tout ce qui l’entoure en mordillant.
Il découvre les textures, les odeurs, les formes et les sensations. C’est sa manière d’apprendre et de comprendre son environnement, un peu comme un enfant qui touche à tout pour découvrir le monde.
•La distraction le motive ou l’anime. Le chiot ne planifie pas, il réagit. Les mouvements, les bruits ou une ambiance trop excitante activent son énergie. Il ne cherche pas à provoquer ni à “tester” : il réagit à ce qui attire son attention sur le moment.
• Il apprend les limites du jeu. L’inhibition de la morsure est un apprentissage intrinsèque, que le chiot vit naturellement avec ses frères et sœurs. Lorsqu’il mord trop fort, le jeu s’arrête ou l’autre chiot couine — il comprend alors la limite. Par contre, quand un humain essaie de reproduire cette réaction, la plupart du temps, cela n’a pas le même effet : au lieu de l’apaiser, cela l’excite davantage. C’est pourquoi il est plus efficace d’enseigner les limites par la constance, la cohérence et le calme, plutôt que par des cris ou des gestes brusques.
• Il peut chercher ton attention. Le chiot comprend vite que mordiller provoque une réaction.
Même un “non” ou un mouvement rapide peuvent renforcer le comportement. Ce n’est pas un défi, c’est une façon d’interagir et de créer du contact.
• Il décharge ses énergies et ses émotions. Le mordillage peut aussi être un moyen d’évacuer une tension : stress, ennui, fatigue ou surplus d’énergie. Plus il est stimulé, plus il aura besoin d’un retour au calme pour se réguler.
🧩 Gérer l’environnement du chiot, c’est la clé
La façon dont on gère l’environnement d’un chiot influence directement son comportement.
Le mordillage ne survient pas au hasard : il apparaît souvent dans des moments répétitifs de la journée où le chiot devient plus réactif ou cherche davantage d’attention.
Les moments typiques de “bulles d’énergie” :
• Le matin, après avoir mangé ou après un réveil.
• Le soir, entre 18 h et 20 h, quand la maisonnée est plus animée.
• Au moment où les enfants se préparent pour l’école ou rentrent à la maison.
• Et souvent le soir, quand on s’assoit pour relaxer sur le sofa : on se retrouve à son niveau, dans une énergie plus posée… et c’est souvent à ce moment-là que le chiot se réactive. Ce n’est pas de la provocation, mais un réflexe naturel lié à notre posture et à l’attention qu’il ressent. Ces bulles d’énergie reviennent chaque jour : ce sont des phases prévisibles.
En les observant, on peut anticiper et aider le chiot à les traverser sans débordement.
🧠 Anticiper pour créer de nouvelles associations
L’anticipation ne sert pas seulement à éviter que le chiot nous mordille — elle permet de le conditionner à autre chose. Et surtout, elle se fait avant même qu’il commence à mordiller.
Quand on redirige son attention au bon moment, avant que le comportement apparaisse, on transforme complètement la dynamique. Prenons un exemple : tu sais que ton chiot s’excite chaque soir quand tu t’assois sur le sofa. Plutôt que d’attendre qu’il commence, tu lui proposes un objet porteur d’odeurs ou de nourriture, quelque chose qu’il aime vraiment.
Cette redirection crée trois effets importants :
Elle augmente la valeur de l’objet. Le chiot apprend que cet objet est une source de plaisir et d’exploration. Plus il y trouve de satisfaction, plus il s’y tourne naturellement dans les moments d’excitation.
2. Elle conditionne le chiot à faire autre chose que nous mordiller. En agissant avant le comportement, on l’entraîne à adopter une réaction différente. Le mordillage devient inutile, car une activité plus gratifiante est déjà disponible.
3. Elle augmente la valeur du lieu où on dépose l’objet. Par exemple, si le jouet est déposé sur son coussin ou dans son coin de détente, cet endroit devient associé au calme et au plaisir. Avec le temps, le chiot va s’y diriger de lui-même lorsqu’il aura besoin de s’apaiser. C’est ainsi qu’on éduque par anticipation plutôt que par correction. On ne réagit pas au problème — on prépare la solution avant qu’il se présente.
⚠️ Quand la distraction est trop forte
Certains environnements sont trop stimulants (bruits, enfants, télévision, agitation). Dans ces cas, il est parfois nécessaire de réduire temporairement l’accès du chiot à l’espace, sans le punir, mais pour l’aider à retrouver son calme.
L’essentiel est toujours de rediriger vers une activité apaisante (jouet, mastication, exploration olfactive). On ne cherche pas à “éteindre” le chiot, on cherche à le recentrer.
🚫 Pourquoi punir ou crier aggrave le problème
Lorsqu’un chiot mordille, il ne comprend pas encore les codes du jeu et de la communication humaine. Si on réagit en criant, en le repoussant ou en le punissant, il ne comprend pas pourquoi on agit ainsi. Au lieu de l’aider, ces réactions provoquent trois effets négatifs :
1. Elles ajoutent du stress dans le moment.
Le chiot ressent une montée de tension dans ton énergie et dans ta voix. Son système nerveux s’active encore plus, et il devient plus réactif.
2. Elles créent une confusion émotionnelle.
Il ne comprend pas que c’est le mordillage qui dérange — il associe la présence humaine ou la proximité à une situation inconfortable.
3. Elles peuvent le conditionner à réagir par peur.
Un chiot stressé peut développer de la méfiance, voire de la défense. Au lieu de calmer la relation, on construit de l’insécurité, ce qui rend l’apprentissage beaucoup plus difficile.
👉 Le chiot n’a pas besoin de se faire corriger, il a besoin de repères clairs, stables et cohérents. C’est la constance, la gestion du contexte et la redirection positive qui donnent des résultats durables — pas la punition.
💬 Conclusion
Un chiot qui mordille n’est pas un chiot à corriger, mais un chiot à comprendre. Tout est une question de gestion d’énergie, d’anticipation et de constance. Plus on agit avant le problème, plus on construit un chiot calme, équilibré et capable de réfléchir avant d’agir.
🦮 Rédigé par Benoît Lessard – Éducateur canin d’expérience
📘 Auteur du livre “La Voix Vibratoire Humain-Chien”




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